Rencontres douloureuses

[Hollywood - Bellagio]

Lundi matin, 6h30. Quelle mouche l’avait piqué pour prendre le métro en pleine heure de pointe. La moitié de la ville se pressait dans les escaliers menant aux stations souterraines. La station du coin est d’Hollywood grouillait de monde.
Hommes et femmes en tout genre, jouaient des coudes pour atteindre les différentes rames de métro et ainsi éviter de se faire rudoyer par leur patron pour un retard substantiel. Indifférent aux ‘drames’ qui se jouaient autour de lui, Lucifer descendait lentement les escaliers menant au métro en partance pour Beverly Hills. A sa gauche, un homme avec attaché-case, força le passage pour entrer dans le métro allant au centre ville; non contant de gêner ses congénères, il se mit à vociférer des insanités à l’encontre de la femme enceinte qui lui bouchait le passage. La sonnerie prévenant le départ du métro le fit redoubler d’imagination, la jeune femme se décala légèrement et l’homme allait rentrer dans la rame lorsque Lucifer passa à côté de lui. Son pied entra ‘malencontreusement’ en contact avec celui de l’homme d’affaire qui se retrouva projeté en arrière. La porte du métro se referma sur ces entrefaites, séparant ainsi l’homme de son attaché-case resté dans la rame.
« Eh connard, tu l’as fait exprès ! » s’égosilla l’homme vautré sur le sol poussiéreux de la station.
Sans un regard pour ce dernier, Lucifer continua son chemin vers sa rame. Etrangement, la foule agglutinée autour de lui semblait s’écarter sur son passage, laissant ainsi un chemin à sa disposition. L’homme ‘sans’ attaché-case voulut le suivre mais il fut vite absorbé par la foule environnante.

La rame était bondée. Plus de place assise et les personnes restées debout étaient si accolées que de loin, on n’aurait pu discerner qu’une masse informe.
Lucifer faisait parti de ces dernières, sa main droite accroché à la barre suspendue en hauteur, l’autre restée dans la poche de son costume Armani. Les yeux dans le vide, il posa son menton sur son bras surélevé.
Cette attitude nonchalante semblait plaire aux femmes présentes dans la rame qui le dévisageaient franchement. La grande blonde pulpeuse installée à sa droite s’approcha lentement de lui, en faisant attention à ne pas tomber à cause des mouvements intempestifs du métro qui fonçait vers la station suivante. Vêtu d’un tailleur court rouge vif qui souligné ses formes, elle se savait des plus désirables. Tous les hommes ne se retournaient-ils pas sur son passage ? Encore ce matin, elle avait du essuyer les avances de son voisin de palier, un petit entrepreneur minable marié avec deux enfants qui se croyait irrésistible. Contrairement à ce débile, elle se savait capable d’attirer les faveurs de cet homme absolument divin à côté d’elle. D’un geste sur, elle posa sa main droite à côté de celle du grand brun et afficha son sourire le plus charmeur. Et alors… lentement, elle laissa glisser sa main gauche sur l’arrière train de l’Apollon, tâtant la chair ferme de ces fesses.
Lucifer se crispa sous l’assaut de la blonde à ses côtés. Cette garce n’avait décidément pas froid aux yeux. Le peloter tout en affichant un sourire angélique. Se relevant de tout sa hauteur, Lucifer lui offrit également son plus beau sourire, le plus tordu aussi. Un éclair de pure jubilation passa dans ses yeux lorsqu’il la vit éloigner précipitamment sa main de son corps et de se recroqueviller sur elle-même. Une voix off, annonça l’arrivée du métro dans la prochaine station, la sienne. D’un geste sur, il prit la main de la jeune femme dans la sienne et y porta une légère pression. La femme hurla sous la douleur intense, lâchant la barre et s’écroula au sol, maintenant sa main gauche à hauteur du visage. Ce dernier se congestionna en hurlement muet lorsqu’elle aperçut l’état de sa main. Les portes de la rame s’ouvrirent. Lentement, Lucifer se baissa à hauteur de la jeune femme et délicatement lui ramena une mèche de cheveux derrière l’oreille.
« Les phalanges distales de votre index et majeur sont brisées, vous devriez aller voir un médecin. » conseilla-t-il de sa voix sans modulation.
Sans un mot de plus, il quitta la rame et partit en direction de la sortie.

[Beverly Hills - Parc municipal]

Maeza s'accouda en soupirant sur la paroi de sa rame et tourna son visage vers la vitre poussiéreuse à sa gauche. Un gamin éternua et sa mère lui mit une taloche sans la quitter des yeux, tout comme le reste du wagon. Mais pourquoi était-elle sortie sans mettre sa capuche !!! Elle devait maintenant subir leur silence émerveillé et c'était une situation qu'elle haïssait. Elle s'ennuyait à mourir. C'était beaucoup plus intéressant lorsqu'elle sortait, sa personne masquée dans une grande cape pourpre, la tête encapuchonnée, attirant les regards curieux. Elle se tourna et regarda de l'autre côté, au travers de la porte transparente, l'intérieur de la rame précédente. Elle y vit un homme sublime se faire 'draguer' par sa voisine et sursauta violemment en le reconnaissant.

"Non... Non, ce n'est pas vrai, ça ne peut pas être lui ?!!?"

Elle se colla à la fenêtre, ignorant les soupirs de bonheur ultime à l'entente de sa voix de ses voisins et vit la pauvre femme subir le courroux de cette vieille connaissance.

"Roah, mais il n'abandonnera jamais ces habitudes mysogines !!! Humf..."

Le métro s'arrêta à sa station, elle en descendit en abaissant la capuche de son haut de survêtement et se dirigea vers la femme estropiée par cet homme. Elle releva doucement sa capuche, de telle sorte que la jeune femme soit la seule à la voir et lui donna un peu d'argent en lui donnant l'adresse d'un excellent médecin qui ne poserait pas de questions. Son vis-à-vis, subjugué, lui obéit sans dire un mot et s'éloigna, à contre-coeur, mais ne voulant pas lui déplaire. Maeza s'éloigna et se fondit dans la foule en pestant contre Lucifer.

-----> Parc municipal.